Mario Campaña, Demeure Lointaine (L’Oreille du loup)

 

Claude Albarede

 

Revista L'arbe à paroles, Nº 138, Hiver 2007, Bruselas

 


 

 

Le difficile de la traduction poélique c'est de ne pas effacer -ou contrafaire- la poésie du poème traduit. Fxercice difficile s’il en est, exercice pourtant amplement réaussi par Michel Alvés et Max alhau qui ont écrit la traduction du lon poème de  Mario Campanya, poète équatorien de langue espagnole: Dameure Lontaine, et qui pourrait aussi s’intituler L'ardent cortege, tant paraît ardentte cette langue dans son double élan de préhension du monde et de chant profond à la Lorca. Capture de la durée existentialle, mais aussi aprofondissement de la langue, comme un riche terreu  exploité par le poète qui remue ses trésors jusqu'a la lie de la mort:

 

Puisque le poisson meurt dam l'eau

Pas dans l'air

 

 

Qu'il arrive qu'un pauvre soleil se pende avec une corde d'air

Tout oiseau meurt  de son chant

Il chante son armonie l’étrangle...

 

 

 

Certes la langne du poète charrie ses pépites, ses fulgurances, ses fils d'or, mais surtout son rythme accumulatif traduit les prodiges de ses découvertes au fur et à mesure que s'approfondit la prise de conscience et la reconstruction du monde:

 

Viens ici, mer, envole·-toi, sépare-toi de ta rive.

Sombre dans l'air : regarde-rnoi dans les yeux, et vole.

Parle avec l’espace qui est à  ton coté.

 

Laboure son lit, toi aussi

 

lnutilernent ...

 

Pourtant, jamais de certitude dans cet «ardent cortège», dans cette ampleur de conquétes, mais une interrogation permanente pour exprimer que ce qui n' existe pas existe en fait par les mots qui le nomment dans leur scansion magique el incantatoire :

 

La mérnoire est-elle l’âme?

Cette montagnc hérissée ?

 

Le vent d'hier remué par lesoiseaux?

L'odeur des os brûlés ?

 

      On peut jouer, interroger: on désapprend vite

      Mais, comment dés-écrire?

      Ce que nous jouons à penser?

 

Cependant le poète, emporté par son élan lyrique, ne  perd jamais pied avec la terre, avec les humbles repères que sont les mysteres du réel :

 

Je reviens

Un baton de pluie á la main ...

. . .Je suis le messagede l’escargot

 Qui dessine son laborieux passage ...